top of page

BIOGRAPHY

Avertissement : John Dear est de retour, le rock n’est plus à la mode et la planète tourne encore (un peu). Soyons plus précis : en 2019, Donald Trump est toujours président des États-Unis et John Dear est un gourou. C’est comme ça. Rien ne va plus, tout est grave. Tout va bien, rien n’a d’importance. Tout est possible. Parfois le meilleur. La vérité est un vieux souvenir et la lucidité une option. Dans cet immense n’importe quoi, mieux vaut s’autoriser à être n’importe qui. Et y croire. A plein volume. Pour propager cette bonne parole, Alma June et John W. Dear (Catia Bellini, Guillaume Wuhrmann) ont cette fois décidé de nourrir les convictions fumeuses d’un guide spirituel à l’imaginaire déglingué. Un gourou en slip sale. Un dandy mystique. Un branleur décadent. Un pourvoyeur de lendemains d’hier. Un rédempteur hirsute. Un punk en toge. Un dealer de rêves frelatés. Un drugstore cowboy.

Et c’est avec le génie juvénile et british de Chris Turpin (leader de feu Kill It Kid) que le binôme romand a choisi de faire passer la pilule messianique dans un deuxième album aux incantations sulfureuses. Ouvrir les vannes. Et les rangs. Il fallait insuffler du neuf. S’octroyer une bouffée d’air et faire couler du riff psychédélique dans les veines d’une société endolorie. Motiver les troupes. Tordre ses tripes. Se prendre pour le messie et trouver le moyen de se tendre des pièges. Et être certain d’y tomber. On ne croit plus en rien ? Autant croire en soi. Un sursaut foudroyant que le duo, quatre ans après Far Down The Ghost Road, a planqué dans ses partitions pour gribouiller à main levée une nouvelle posologie sonique bourrée d’effets secondaires. Yes, sir : en 2019, on augmente les doses de liberté jusqu’à ne plus percevoir la frontière. Les nations se barricadent ? John Dear enjambe les murs avec la souplesse d’une candeur retrouvée. En faisant imploser tous les codes de son propre ADN, le groupe romand déchire enfin le mode d’emploi du rock’n’roll, distribue les baffes et redistribue les cartes.

Capturé au studio de la Fonderie par l’indissoluble Sacha « Love » Ruffieux, ce Drugstore Cowboys a eu la bonne idée de ne pas étouffer ses morceaux dans du cellophane avant de les glisser dans l’éprouvette. Avec une conviction, au moins : personne n’invente jamais rien. John Dear nous présente ainsi un album au format mondial, en collages d’influences, en décibels affranchies et en préceptes découpés dans des bouquins, dans leurs souvenirs et dans leurs estomacs. Fabriquer son histoire en puisant dans celles qui nous ont aidé à grandir. Simplement. Un processus maîtrisé jusqu’à la livraison du colis, puisque c’est Mister Mark Rains (BRMC, Rival Sons…) qui a eu la lourde tâche et l’immense talent de mixer la marchandise.

Une solution chimique et abrasive que le gourou défroqué et attachant nous administre les yeux injectés de sang. Dans une époque où John Dear est de retour, où le rock n’est plus à la mode et où la planète tourne encore (un peu), se payer un shoot de liberté est signe d’intelligence. Et puis parce que, comme l’assène Al Pacino dans son mythique plaidoyer tiré du film Scent of a Woman et emprunté par John Dear pour nourrir le morceau Superstition et l’âme de cet album : « Tout ceci est un ramassis de conneries. Il n’y a rien de pire que le spectacle de l’amputation d’un esprit ».

Fred Valet

bottom of page